Vous pouvez consulter le résumé de la nouvelle ici.
Quand j’ai commencé à envisager que mon « histoire de grenouilles », longtemps traînée dans mon imaginaire, pourrait enfin trouver à se développer grâce au projet du BREF, une question s’est imposée à moi : quelles espèces de grenouilles trouvent-on au Bic?
J’ai posé la question ici et là à des amis qui y habitent ou qui y vont souvent. Personne ne connaissait assez le sujet pour me donner une réponse satisfaisante. Une amie biologiste (elle se reconnaîtra sans doute : je la remercie encore de cette aide!) m’a redirigée vers une ressource web assez fournie, mais j’avais encore des questions. Sous le conseil de cette même amie, j’ai donc écrit à une naturaliste de la SEPAQ, au cas où. Comme je m’en doutais, toutefois, on n’a pas donné suite à mon courriel, qui a dû avoir l’air plutôt étrange parmi les courriels scientifiques et la somme déjà importante de dossiers réguliers à gérer.
J’étais passée d’une ignorance complète, qui me faisait craindre de dire n’importe quoi, à une sorte de trop plein d’informations où je ne me retrouvais pas tellement. Cet état des choses a aussi contribué à ce que je mette la nouvelle de côté.
Quand elle est revenue à l’avant-plan, j’en ai déjà parlé, ça a été sous une forme beaucoup plus brève. Peut-être est-ce pour cette raison, ou peut-être était-ce parce que la Pointe-aux-Anglais de notre recueil s’était, depuis, éloignée du réel, mais l’exactitude quant aux espèces vivant au Bic ne m’est plus apparu comme une priorité. Les garçons de l’histoire trouvent une grenouille brun-vert, sans plus de qualificatifs, et la jeune Brigitte la compare dans sa tête aux grenouilles vivement colorées de l’Amérique du Sud, et c’est tout. C’est assez.
Au bout du compte, décrire les grenouilles en termes à la fois simples et opposés (de par leurs couleurs mais aussi de par leurs techniques de survie, les grenouilles ternes favorisant le camouflage et les colorées une défense à base de poisons) a permis de parler des émotions du personnage à ce moment : face à ses intimidateurs, la protagoniste fige, et ne peut que regretter de ne ressembler davantage aux grenouilles colorées qui, elles, au moins possèdent une arme pour riposter.
– Joanie Lemieux