Carnets poïétiques - Ce que je sais des berges

« Tomber » – L’un après l’autre, en même temps

Vous pouvez consulter le résumé de la nouvelle ici.

Je l’ai déjà dit souvent, sur ce blogue et ailleurs : mes textes naissent très souvent d’un bruit ou d’un son particulier. « Tomber », toutefois, est née d’une image, d’un visuel qui me suit depuis longtemps : une femme, vêtue d’une ample robe d’une couleur unie et intense (tantôt jaune vif, tantôt cyan; le plus souvent cerise), tombe d’une falaise ou d’un toit, le ciel est blanc, le tissu de sa robe bat, contre ses jambes, comme un drapeau de mauvais augure.

Je voyais la chute au ralenti, et je ne voyais que la chute, sans le saut initial ni l’arrivée au sol.

J’ignore d’où me vient cette image à la fois nette et floue. Mais elle m’est revenue au tout départ de ce projet de création. Je me disais qu’elle pourrait trouver sa place dans ce recueil, où les falaises et les ciels blancs cadraient parfaitement. Mais je n’avais ni personnage, ni histoire auquel attacher cette image. Je ne voulais pas en faire un texte sur le suicide, ni que la femme soit poussée. Je voulais qu’elle tombe, mais sans violence. Qu’elle tombe en paix. Comme je ne voyais pas comment rendre cette idée, j’ai pris le parti de ne pas forcer les choses, de conserver cette idée loin dans mes tiroirs et d’entreprendre l’écriture d’une première nouvelle complètement différente, sur un enlèvement par des extra-terrestres.

Durant l’écriture de cette nouvelle (intitulée « Dans la nuit noire »), cependant, j’ai eu une conversation avec mon amoureux où il m’a parlé d’un film qu’il avait vu il y a longtemps, dans un musée, un film dans lequel des femmes tiraient à l’arc à répétition sans que, jamais, on voit une flèche toucher la cible.

Tout de suite m’est revenue l’idée de la femme qui tombe, sans pourtant toucher le sol.

Je n’ai pas cherché à voir le film dont il me parlait. Le récit de mon amoureux a suffi à déclencher les choses, et de là, comme c’est souvent le cas dans mon écriture, toutes les certitudes se sont enchaînées, au fil des semaines suivantes, comme des évidences : plusieurs personnes tomberaient à l’eau, pas seulement une; ils auraient une raison de le faire qui ne soit pas un suicide, mais un film; ce film serait sans violence, et porterait plutôt sur le vertige de l’amour; il n’y aurait pas que des femmes, mais toutes sortes de gens, de tous les âges; leurs vêtements, pas forcément éclatants, varieraient beaucoup d’un personnage à l’autre, et seraient associés directement à leur amour.

La nouvelle « Dans les bras de Satie », écrite entretemps par Camille, allait donner sans le savoir une origine au projet du cinéaste, mais, surtout, contribuerait à mettre en lumière des parentés entre la mort et l’amour, causes de deux grands vertiges devant l’inconnu. L’association entre les deux textes m’a semblée non seulement naturelle, mais féconde.

Ce n’est qu’après avoir écrit et soumis le texte aux autres que j’ai reparlé à mon amoureux du film sur les archères. Je voulais savoir qui l’avait fait, etc. Il ne s’en souvenait plus. Mais il savait où il l’avait vu, et en quelle année, et à partir de là j’ai pu retrouver non pas le film lui-même, mais l’artiste qui l’a réalisé. Pour les intéressés, vous trouverez des détails ici.

Quant au film décrit dans « Tomber », il n’existe pour le moment que sur papier.

– Joanie Lemieux

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